Tuesday, September 26, 2006

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Toujours selon sa mère, en quittant Mazan, elle était vêtue d'une robe jaune paille, d'un manteau trois quarts en ocelot noir et blanc, elle n'avait pas de chapeau. Ses cheveux étaient d'un blond décoloré, elle les portait longs, coiffés en tresse. Et elle transportait son grand sac à main en cuir verni noir, à anses tressées et roulées, qui ne sera jamais retrouvé. Elle n'avait pas de bas mais des socquettes de laine angora blanches et des chaussures de sport en cuir jaune, à semelles de crêpe. Ces vêtements et accessoires n'ayant pas été retrouvés au domicile de la disparue la police en conclut qu'elle les portait au moment de sa disparition qui, de plus en plus, semble bien être le 11 mars au soir.

Questionnée sur ce point, madame Furimond mère déclare qu'à sa connaissance, sa fille ne détenait pas de pièces d'or, en tout cas pas à Mazan. Elle ne peut donner aucune indication sur les fréquentations de Suzanne, qui depuis qu'elle habitait avec elle, n'avait commis aucun écart, ni n'avait reçu de visite. Elle ne sortait pas, n'allant à Nice que pour son commerce, parfois accompagnée de sa mère. A Nice, elle ne rencontrait que le gérant de son établissement et à part lui, ne fréquentait personne. La mère ne croit pas que sa fille recevait des lettres " poste restante ", pas plus à Mazan qu'à Avignon ou Nice. Et à sa connaissance, depuis la naissance de son enfant, elle n'avait plus aucune relation masculine. Elle reconnaît que la grande photo saisie au domicile d'Avignon, qui représente un militaire portant une grenade en écusson au col, " Photo studio César, 5, place du Change ", pourrait bien être celle du père du bébé, comme sa fille l'a elle-même déclaré à des membres de sa famille. Mais elle ne sait rien de cet homme.

D'après sa mère, Suzanne Furimond était d'un caractère entier, très personnel, dur et fermé, ne racontant rien à personne de ses affaires. Très âpre au gain, mais régulière, elle n'était pas femme à se laisser faire. Elle en voulait tout particulièrement à monsieur Carto qui ne lui payait pas ce qu'il lui devait.

Madame Furimond mère conclut que depuis la naissance de son enfant, sa fille, transfigurée par l'amour maternel survenu tardivement, n'aurait pas imaginé de fuguer ou de s'absenter aussi longtemps sans donner de ses nouvelles et sans en demander de son enfant. Elle ne voit aucune explication à la situation présente.

Le commissaire Heinis fait ensuite un rapport complet des éléments matériels et des indices relevés sur place. Outre, ce qui a déjà été saisis, outre le fait qu'il ne constate ni effraction ni traces de violence, outre les 3 verres où il a été bu et la bouteille de pastis déjà consignés, il note que dans la cuisine sur la table, se trouve un plateau avec une bouteille de vin à moitié pleine et un verre plein de vin. Sur le réchaud éteint, un plat qui contient deux œufs cuits prêts à êtres consommés. Au premier étage, dans la chambre à coucher, sur un tabouret de piano, est disposé du linge de corps. Sur le piano fermé, sont posés une paire de gants et un paquet de cigarettes américaines. Sur l'un des trois verres où l'apéritif a été bu, il est relevé une belle empreinte de doigt, mais elle sera inexploitable car elle se confond avec le dessin gravé dans le verre. La perquisition est achevée.

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